Les découvertes archéologiques suscitent toujours un grand intérêt de la part du public mais l’organisation de la recherche archéologique et ses méthodes sont souvent mal connues. Après une présentation de la genèse des idées et des dispositions réglementaires qui régissent aujourd’hui l’archéologie française du territoire national, ce module aborde quelques aspects son organisation administrative au sein du ministère de la culture et de la communication, chargé de leur application. Les objectifs et les méthodes de l’archéologie programmée et préventive sont exposés par des spécialistes de ces domaines et un éclairage particulier est donné sur deux aspects particuliers de cette recherche que sont l’archéologie subaquatique et sous-marine et l’étude et la conservation des sites rupestres. Il aborde également la recherche archéologique française à l’étranger, qui est une compétence propre du Ministère des affaires étrangères. Ce module constitue une première, grâce à la coopération entre le ministère de la culture et le ministère des affaires étrangères pour la conception et la réalisation de ce module.
Introduction et présentation du module « Archéologie française »
Bernard Randoin
Introduction et présentation du module : Bernard Randoin, adjoint au Sous-directeur de l’archéologie, Direction générale des patrimoines1. Genèse et principes de la protection juridique du patrimoine archéologique
Vincent NégriNoël COYE
Vincent Négri, chercheur au CNRS (Centre d’études et de coopérations juridiques internationales - CECOJI) et Noël Coye, Conservateur du patrimoine, Direction générale des patrimoines, Sous-direction de l’archéologie Cette présentation retrace l’élaboration de la réglementation française en matière de protection des sites et des objets archéologiques, en la mettant en résonance avec les grands traits de l’histoire intellectuelle et institutionnelle de l’archéologie nationale. Elle montre ainsi comment la protection juridique du patrimoine archéologique s’est progressivement développée en s’adaptant aux enjeux de la recherche archéologique et aux besoins de la société.
2. Le rôle du ministère de la culture et de la communication dans le domaine de l’archéologie
Marc DROUET
Marc Drouet, Sous-directeur de l’archéologie, Direction générale des patrimoines Qu’il s’agisse indifféremment d’archéologie préventive ou d’archéologie programmée, le rôle du ministère de la culture en matière d’archéologie apparaît clair même s’il ne semblait pas évident pour ce département ministériel de se retrouver en charge d’une discipline scientifique : il s’agit au niveau central de concevoir les politiques d’inventaire, d’étude, de protection, de conservation et de transmission du patrimoine archéologique par l’élaboration et le suivi de la mise en œuvre des dispositions législatives et réglementaires relatives à la protection du patrimoine archéologique. Et au niveau déconcentré, de réaliser la carte archéologique nationale, d’émettre les prescriptions en matière d’archéologie préventive, d’autoriser les fouilles programmées et d’en assurer le contrôle scientifique et technique avec l’appui des instances scientifiques
3. Méthodes de l’archéologie préventive
Dominique GARCIA
Dominique Garcia, Université d’Aix-en-Provence, Vice-président du Conseil national de recherche archéologique (CNRA)4. La conduite d’un programme de recherche archéologique
Vincent GUICHARD
Réflexions à partir d’une étude de cas, le site de Bibracte (Bourgogne) - Vincent Guichard, Directeur général de Bibracte, Centre archéologique européen) C’est au travers de l’expérience de l’auteur qu’est abordée la question de l’organisation d’une recherche archéologique "programmée" (par opposition à la recherche archéologique "de sauvetage" motivée par la destruction d’un élément du patrimoine). On s’intéresse donc ici aux recherches académiques de longue haleine, qui s’intéressent à des éléments majeurs du patrimoine et mobilise des compétences nombreuses, souvent issues de différents pays. On rappelle quelques principes qui sont ceux de la gestion durable et intégrée du patrimoine et on effectue quelques recommandations sur la façon d’organiser le travail en équipe et d’évaluer ses performances.
5. Méthodes de l’archéologie préventive
Pascal DEPAEPE
Pascal Depaepe, Directeur scientifique et technique, Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) L’objet de cette communication est de présenter les méthodes de l’archéologie préventive, telle que pratiquée en France et dans quelques pays européens. L’accent est essentiellement porté sur les spécificités de l’archéologie préventive par rapport aux méthodes classiques de l’archéologie, qui ne seront pas évoquées ici.
6. L’archéologie sous-marine française
Michel L’HOUR
Une naissance méditerranéenne, un leadership planétaire - Michel L’Hour, Conservateur général du patrimoine, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) Marseille7. Les grottes ornées : conservation et connaissance
Elena MAN-ESTIER
Elena Man-Estier, Centre national de la Préhistoire, Direction générale des patrimoines et On connaît en France plus de 170 sites ornés attribués au Paléolithique supérieur, entre 30000 et 10000 ans avant le présent environ. Il s’agit essentiellement de grottes, parfois d’abris sous roche et exceptionnellement de sites de plein-air, rares témoignages des comportements symboliques de nos ancêtres, les Hommes de Cro-Magnon (Homo sapiens). Les artistes de la préhistoire ont décoré les parois de grottes en peignant, gravant, ou sculptant des animaux, des humains, des figures fantastiques et tout un univers de symboles dont nous ne percevons plus le sens aujourd’hui. Ces vestiges exceptionnels sont fragiles et leur conservation est notre devoir, pour en assurer leur transmission aux futures générations.
8. L’art paléolithique : de l’analyse à l’interprétation
Geneviève PINÇON
Geneviève Pinçon, Chef du bureau de l’élaboration et de l’utilisation des inventaires archéologiques, Sous-direction de l’archéologie , Direction générale des patrimoines Après une présentation de l’art paléolithique sous ses différents aspects, mobilier ou pariétal et leurs qualités respectives en matière de datation, de représentations, de techniques, nous aborderons avec le regard du chercheur un cas concret, celui du grand abri sous-roche du Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l’Anglin (Vienne, France), sculpté il y a 15.000 ans. Seront abordés successivement sa découverte puis son analyse à l’aide de différents outils à notre disposition, puis l’interprétation qui peut en être faite à partir de cet état de connaissance.9. Nos ancêtres les Aryens – L’archéologie nazie et la France
Laurent OLIVIER
Laurent Olivier, conservateur en chef du Patrimoine au Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (MAN) L’archéologie a été la discipline des sciences humaines la plus directement mobilisée pour tenter de légitimer l’entreprise d’épuration raciale et de germanisation forcée menée par le IIIème Reich à l’échelle de l’Europe. De tous les corps professionnels, les archéologues sont en effet ceux qui ont été – et de loin – les plus engagés politiquement et idéologiquement dans le nazisme. A l’est et à l’ouest de l’Allemagne, la conquête de l’Europe a rapidement mis la recherche archéologique allemande au service d’une entreprise de justification de la politique raciale et des intérêts géostratégiques de la « Grande Allemagne ». La recherche française n’a pas eu qu’un rôle passif dans ce plan de germanisation du passé archéologique de l’Europe. Et après guerre, les chercheurs qui s’étaient mis au service du IIIe Reich poursuivront brillamment leur carrière à l’université, dans les musées ou les services du Patrimoine. Ils contribueront ainsi à transmettre l’héritage méthodologique et la démarche analytique de l’archéologie nationale socialiste à des générations d’étudiants et de chercheurs, notamment en France.
10. Histoire et enjeux de la Commission consultative des recherches archéologiques à l‘étranger
Jean-François JARRIGE
M. Jean-François Jarriges, secrétaire général de la commission des fouilles, membre de l’Institut de France Depuis 1945, le MAE assure la tutelle du dispositif archéologique français à l’étranger, grâce à la rencontre du Général de Gaulle et de Henri Seyrig. La commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger ou « Commission des fouilles » se réunit pour la première fois le 25 juillet 1945, sous la direction d’Henri Laugier, premier directeur du CNRS. Cette instance, sans égal dans le monde, évalue, par son expertise, la qualité scientifique des projets de recherches et propose les grandes orientations scientifiques du dispositif à l’étranger, en prenant en compte les priorités et contextes politiques.